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PRÉFACE

littéraires de Paris date de la publication de Racine et Shakspeare. Beaucoup des idées exprimées dans ces deux pamphlets furent vite en honneur. Si depuis elles semblèrent un peu oubliées, du moins savons-nous que ce qu’elles avaient alors de plus neuf et de meilleur est aujourd’hui devenu lieu-commun, après qu’elles furent reprises, généralisées, clarifiées par un Sainte-Beuve, un Baudelaire, ou un Taine[1].

Tout d’abord Stendhal a donné une des premières définitions du romantisme. Et celle-ci n’a pas qu’un intérêt rétrospectif. D’excellents esprits, qui n’iraient pas jusqu’à dire avec l’auteur de Racine et Shakspeare que le romantisme est ce qui donne le plus de plaisir, tandis que le classicisme est ce qui ennuie, — admettent néanmoins que « le romantisme, c’est ce qui nous est contemporain ». Et ils accordent encore que « tous les grands écrivains ont été romantiques de leur temps ».

Beyle croit en outre que pour être vraiment romantique et se passionner à fond pour la littérature de son temps, il faut avoir moins de quarante ans. Pour lui, quand en France il descendit dans la lice et rompit en faveur de Shakspeare une lance

  1. Cf. Pierre Martino, Préface à Racine et Shakspeare, Champion, p. cxxxii.