Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
RACINE ET SHAKSPEARE

soldats venaient de vaincre les Germains, les Parthes, les Juifs, etc.

Lorsque Louis XIV se fit élever l’arc de triomphe connu sous le nom de Porte Saint-Martin, on plaça dans un bas-relief, qui est sur la face du nord, des soldats français attaquant les murs d’une ville ; ils sont armés de casques et de boucliers, et couverts de la cotte d’armes. Or, je le demande, les soldats de Turenne et du grand Condé, qui gagnaient les batailles de Louis XIV, étaient-ils armés de boucliers ? À quoi sert un bouclier contre un boulet de canon ? Turenne est-il mort par un javelot ?

Les artistes romains furent Romantiques ; ils représentèrent ce qui, de leur temps, était vrai, et par conséquent touchant pour leurs compatriotes.

Les sculpteurs de Louis XIV ont été Classiques ; ils ont placé dans les bas-reliefs de leur arc de triomphe, bien digne de l’ignoble nom de Porte Saint-Martin, des figures qui ne ressemblaient à rien de ce qu’on voyait de leur temps.

Je le demande aux jeunes gens qui n’ont pas encore fait leur tragédie reçue aux Français, et qui partant mettent de la bonne foi dans cette discussion frivole, après un exemple aussi clair, aussi palpable, aussi aisé à vérifier un jour que