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RACINE ET SHAKSPEARE

et aussi clairvoyant que vous voulût bien nous montrer ce qu’est, ou plutôt ce que peut être le Romantique dans la littérature française, et relativement au goût qu’elle s’est fait. Je n’aime pas plus que vous la fausse grandeur, le jargon des ruelles et les marquis portant des perruques de mille écus[1] ; je conviens avec vous que cent cinquante ans d’Académie française nous ont furieusement ennuyés. Mais ce que les anciens ont de beau et de bon n’est-il pas de tous les temps ? Au surplus, vous dites qu’il nous faut aujourd’hui « un genre clair, vif, simple, allant droit au but ». Il me semble que c’est une des règles des classiques, et nous ne demandons pas autre chose à MM. Nodier, Lamartine, Guiraud, Hugo, de Vigny et consorts. Vous voyez, monsieur, que nous nous entendons beaucoup mieux qu’on ne le dirait d’abord, et qu’au fond nous combattons presque sous le même drapeau. Excusez mon bavardage, et recevez l’expression de mes sentiments les plus distingués[2].

LE C. N.
  1. Préface de la première partie de Racine et Shakspeare. — Bossange, 1823.
  2. La Pandore du 29 mars 1824 dit avec des injures ce que la lettre que je viens de transcrire présente avec beaucoup de politesse et d’esprit.

    « Qu’est-ce que le romantisme ? Peut-on faire un genre