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Romains du dix-neuvième siècle ne sont pas des mécréants comme nous ; ils peuvent avoir des doutes sur la religion dans leur jeunesse ; mais on trouverait à Rome fort peu de déistes. Il y en avait beaucoup avant Luther, et même des athées. Depuis ce grand homme, les papes, ayant eu peur, ont veillé sérieusement sur l’éducation. Le peuple de la campagne est tellement imbu de catholicisme qu’à ses yeux rien dans la nature ne se fait sans miracle.

La grêle a toujours pour but de punir un voisin qui a négligé de parer de fleurs la croix qui est au coin de son champ. Une inondation est un avertissement d’en haut, destiné à remettre dans la bonne voie tout un pays. Une jeune fille meurt-elle de la fièvre au mois d’août : c’est un châtiment de ses galanteries. Le curé a soin de le dire à chacun de ses paroissiens.

Cette superstition profonde des gens de la campagne se communique aux classes élevées, par les nourrices, les bonnes, les domestiques de toute espèce[1]. Un jeune marchesino romain de seize ans est le

  1. Note manuscrite de Stendhal sur l’exemplaire de la Baume : « Dès qu’en agissant il n’a pas le sentiment du nouveau, le Romain s’ennuie. Le bourgeois romain s’attache à l’amant de sa femme aussi tendrement qu’à celle-ci. » N. D. L. E.