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carrière publique, où, pendant dix siècles, les riches Romains faisaient prendre des pierres pour bâtir leurs maisons, qui, au moyen âge, étaient des forteresses. Encore en 1623, les Barberini, neveux d’Urbain VIII, en tirèrent tous les matériaux de leur immense palais. De là le proverbe :

Quod non fecerunt barbari fecere Barberini[1].

17 août 1827. — Une fois, vers la fin du moyen âge (1377), Rome a été réduite à une population de trente mille habitants ; M. le cardinal Spina disait même hier douze mille ; maintenant elle en a cent quarante mille. Si les papes ne fussent pas revenus d’Avignon, si la Rome des prêtres n’eût pas été bâtie aux dépens de la Rome antique, nous aurions beaucoup plus de monuments des Romains ; mais la religion chrétienne n’eût pas fait une alliance aussi intime avec le beau ; nous ne verrions aujourd’hui ni Saint-Pierre, ni tant d’églises magnifiques répandues dans toute la terre : Saint-Paul de Londres, Sainte-Geneviève, etc. Nous-mêmes, fils de chrétiens, nous serions moins sensibles au beau. À six ans peut-être vous avez entendu parler avec admiration de Saint-Pierre de Rome.

Les papes devinrent amoureux de l’architecture[2], cet art

  1. Ce que n’ont pas fait les barbares, les Barberins l’ont fait. Paul II fit abattre le côté méridional.
  2. Ce n’est pas quand la vertu la plus pure occupe la chaire de saint Pierre, et quand les personnes appelées à l’administration des peuples sont remarquables par la réunion de la piété et des talents, qu’il est nécessaire, pour l’écrivain philosophe, de protester de son respect pour les autorités établies. Malgré leurs erreurs, elles maintiennent l’ordre légal, et cet ordre est maintenant le premier besoin des sociétés. Il faudra peut-être des siècles à la plupart des peuples de l’Europe pour atteindre au degré de bonheur dont la France jouit sous le règne de Charles X.

    Cette note est de 1829.