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pensées

livrés à la société ne trouvaient point leur bonheur dans eux-mêmes, ni dans leur famille, la manière dont on était dans le monde (à la cour) était tout pour des hommes qui n’espéraient d’influence sur les autres (ou de bonheur) que de la portion de crédit[1] que le tyran voudrait bien leur déléguer.

Ce crédit qu’on ne considérait que pour les choses futures, (dont les marques présentes n’étaient aimées que comme gages des futures), ne flattait presque que la passion de la vanité, passion qui mettait sa plus grande satisfaction dans les preuves de crédit.

Plus éclairée aujourd’hui (l’objet de vanité étant changé dans le cœur du Français de 1804 par l’amour des plaisirs réels, j’entends dire de tous côtés, même par des sots, (Gorse), que vingt-cinq mille livres de rente valent mieux que cent mille livres de place et tous les honneurs possibles), plus éclairée, dis-je, elle ne tire plus vanité que de l’argent, et n’estime plus les honneurs que par ce qu’ils promettent d’argent.

Voilà un service que les banquiers ont rendu à la nation. J’appelle cela un service

  1. Je pensais mettre : d’autorité et de crédit, j’ai bien mieux fait de réduire tout en force agissant directement sur les hommes et disant crédit qui est la résultante.