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pensées

fin éloignée, reçoit [le nom] de moyen.

Les anciens philosophes ont placé la félicité dans la fin la plus éloignée.

On n’atteint jamais cette fin, car tant que nous vivons nous avons des désirs, et tant que nous avons des désirs nous marchons vers une fin à laquelle nous ne sommes pas encore arrivés.

Les choses qui nous plaisent comme des voies pour parvenir à une fin se nomment utiles, leur jouissance usage. Celles qui ne nous donnent aucune jouissance se nomment vaines.

… Ainsi la félicité par laquelle nous entendons le plaisir continuel ne consiste point à avoir réussi, mais à réussir.

H[obbes] dit : Il y a des plaisirs qui affectent les organes du corps, comme le plaisir de la génération, de manger : je les appelle sensuels.

Il y a aussi des peines sensuelles : avoir mal aux dents.

Les plaisirs de l’autre espèce n’affectent aucune portion de notre corps en particulier. On les nomme plaisirs de l’esprit et je les appelle joie. (Réduire cette joie en plaisirs du corps. La différence consiste en ce que les plaisirs sensuels sont les plaisirs actuels, les joies sont les plaisirs imaginés pour le futur. Cependant lorsque je pense à Tullia et que je b..de ?)