à toutes les passions justifiera bien Corneille peut-être à mes yeux du peu de combat que nous voyons dans l’âme de ses héros.
Cette découverte aurait je crois bien étonné Voltaire.
Un homme d’esprit qui verra dans le monde une jeune fille faire les plus grands sacrifices à l’amour sans avoir de combat à rendre, restera immobile ; c’est une espèce de sublime, il concevra toute la grandeur de son amour, et si le lendemain il voit une autre jeune fille avoir de grands combats à soutenir pour faire les mêmes sacrifices à son amant, il n’hésitera point : « la première aime bien mieux. »
Hé bien, le même homme verra ces deux mêmes actions au théâtre, et si c’est un homme d’esprit ordinaire il donnera l’avantage à celle qui aura soutenu les grands combats.
Il est donc très possible que les ouvrages des grands hommes qui ont travaillé pour des hommes à meilleure tête que ceux de leur siècle soient mieux goûtés à mesure que nous nous perfectionnons. On peut donc dire qu’ils embellissent en vieillissant.
Boileau a dit « Plus beaux, plus ils sont regardés », mais ici c’est autre chose.