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filosofia nova

passé, préférerait l’honneur d’être grand chambellan de B[onaparte] avec quinze mille livres d’appointements à l’indépendance avec quarante mille livres de rente.

Dans la quatrième époque enfin, où la masse de la bonne compagnie sera convaincue que le bonheur est dans notre rapport avec les choses extérieures, et que pouvant modifier notre individu nous sommes maîtres d’un des termes du rapport, et par conséquent du rapport, le ridicule sera à se remplir si bien la tête de préjugés, et par là à remplir si bien son âme de fausses passions, que l’on soit incapable du bonheur.

Y aura-t-il une cinquième époque ? voilà un des problèmes dont la vérité importe le plus à mon bonheur.

Il n’y a rien de plus heureux que l’homme parfaitement heureux. Si nous étions parfaitement sages en 1804, c’est-à-dire que nous connussions parfaitement nos rapports avec tout le reste de l’univers, les hommes de 2804 n’auraient de plus que nous pour le bonheur que les moyens de bonheur que pourrait leur fournir la connaissance de beaucoup de rapports des choses entre elles que nous ignorons encore, et qu’ils connaîtraient.

Par exemple en supposant à Planta et à sa femme un moral aussi beau que pos-