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PRÉFACE

l’art de Molière et de Shakspeare, sur les nécessités propres à l’œuvre théâtrale. Ces questions durant plus de la moitié de son existence préoccupèrent presque uniquement l’ambition d’Henri Beyle.

Passionné de gloire littéraire et pensant bien devenir un jour le successeur de Molière, Stendhal a longtemps réfléchi sur ces problèmes complexes : « Depuis qu’à douze ans, a-t-il lui-même confessé, j’ai lu Destouches, je me suis destiné to make comedy. La peinture des caractères, l’adoration sentie du comique ont fait ma constante occupation. »

Dès les premiers instants où il prend l’habitude de s’étudier avec tant de minutie et de noter scrupuleusement le fruit de ses méditations il admet qu’il est né pour devenir un grand peintre des passions. Il ressasse avec obstination : « Quel est mon but ? D’être le plus grand poète possible. Pour cela connaître parfaitement l’homme. Le style n’est que la seconde partie du poète[1]. » Et il arrive aussitôt à ce corollaire : « L’étude de la comédie est à peu près celle du monde la plus propre à me former[2]. »

Le plus ancien peut-être des nombreux papiers de sa main que possède la biblio-

  1. Manuscrits de Grenoble, R. 302, 23 floréal an XI (13 mai 1803).
  2. 26 août 1804.