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MOLIÈRE


ORONTE

Sonnet. C’est un sonnet… L’Espoir… C’est une dame
Qui de quelque espérance avoit flatté ma flamme.
L’Espoir… Ce ne sont point de ces grands vers pompeux,
Mais de petits vers doux, tendres et langoureux,


Le grand Molière reparaît tout à coup. Comme philosophe il est faible, comme comiqueur il est encore unique.

J’ai trouvé hier (24 février 1813) que Fleury extrait beaucoup, il exprimait par des gestes vifs et intelligibles toutes les pensées qui s’agitent successivement. Cela est peut-être nécessaire pour le parterre. Devant une assemblée choisie, cela, manquant de naturel, nuisait à l’effet. Peut-être le système que je propose serait-il froid ?

On rit de la mine de Fleury. Fleury exagère les gestes et fait fort bien, car le spectateur qui n’est pas (colto) saisi par un geste, l’est par l’autre. Cela a cependant un défaut, c’est que ce n’est pas seulement une fausseté dans le système général des choses, cela fait paraître l’interlocuteur sot et sans tact. Si Oronte n’est pas aveugle, il doit répondre aux gestes de Fleury, et ce qu’il dit se trouve n’être plus naturel. Ces gestes gâtent ainsi la véritable réponse. Sur le degré de fausseté