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monsieur, ou pour le lieutenant Leuwen…

Heureusement pour M. Leuwen, le roi parla trois ou quatre minutes dans ce sens ; M. Leuwen reprit presque tout son sang-froid.

— Sire, lui dit M. Leuwen, je demande à Votre Majesté de ne rien signer pour moi ni pour mes amis, et je lui fais hommage de mes vingt-sept voix pour demain.

— Parbleu ! vous êtes un brave homme ! dit le roi, jouant, et pas trop mal, la franchise à la Henri IV ; il était nécessaire de se rappeler de son nom pour n’y être pas pris.

Sa Majesté parla un bon demi-quart d’heure dans ce sens.

— Sire, il est impossible que M. de Beausobre pardonne jamais à mon fils. Ce ministre a peut-être manqué un peu de fermeté personnelle envers ce jeune homme plein de feu que Votre Majesté appelle le lieutenant Leuwen. Je demande à Votre Majesté de ne jamais croire un mot des rapports que M. de Beausobre fera faire sur mon fils par sa police particulière ou même par celle du bon M. de Vaize, mon ami.

Et que vous servez avec tant de probité, dit le roi. Son œil brillait de finesse.

M. Leuwen se tut ; le roi répéta la ques-