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voter, la Chambre était toute en conversations, et l’on disait de toutes parts autour de M. Leuwen :

— Majorité de quatre-vingts ou cent voix !

Il monta à la tribune et débuta par parler de son âge et de sa faible voix. Le silence le plus profond régna à l’instant.

M. Leuwen fit un discours de dix minutes, serré, raisonné, après quoi, pendant cinq minutes, il se moqua des raisonnements du comte de Vaize, et la Chambre, si silencieuse, murmura de plaisir cinq ou six fois.

— Aux voix ! aux voix ! crièrent en interrompant M. Leuwen trois ou quatre juste milieu imbéciles, empressés comme aboyeurs.

— Eh bien ! oui, aux voix ! messieurs les interrupteurs. Je vous en défie ! Et, pour vous laisser le temps de voter, je descends de la tribune. Aux voix, messieurs ! cria-t-il avec sa petite voix en passant devant les ministres.

La Chambre tout entière et les tribunes éclatèrent de rire. En vain le président prétendait-il qu’il était trop tard pour aller aux voix.

Il n’est pas cinq heures, cria M. Leuwen de sa place. D’ailleurs, si vous ne