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wen appela le général, et Coffe dit à ces messieurs :

— J’ai vu, ce qu’on appelle vu, quinze hommes qui montent à cheval et vont battre la campagne pour faire arriver ce soir ou demain avant midi cent cinquante électeurs légitimistes. M. l’abbé Disjonval est un jeune homme, vous ne lui donneriez pas quarante ans. « Il nous aurait fallu le temps d’avoir quatre articles de la Gazette de France », m’a-t-il répété trois fois. Je crois qu’ils y vont bon jeu bon argent.

Le directeur du télégraphe envoya à Leuwen une seconde dépêche télégraphique adressée à lui-même :

« J’approuve vos projets. Donnez cent mille francs. Un légitimiste quelconque, même M. B[erryer] ou F[itz-James], vaut mieux que M. Hampden. »

— Je ne comprends pas, dit le général ; qu’est-ce que M. Hampden ?

— Hampden veut dire Mairobert, c’est le nom dont je suis convenu avec le ministre.

— Voilà l’heure, dit le général fort ému. Il prit son uniforme et quitta l’appartement d’observation pour aller donner son vote. La foule s’ouvrit pour lui laisser faire les cent pas qui le séparaient de la porte de la salle. Le général entra ; au moment où il s’approchait