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à la préfecture sur les ouvriers qu’il avait et qui l’empêchaient d’offrir les pièces les plus convenables. Il n’invita ces messieurs à dîner que pour le lendemain.

Ces trois messieurs se quittèrent avec une froideur qui ne pouvait pas être plus grande sans devenir marquée.

À peine dans la rue :

— Celui-ci est bien moins ennuyeux que le Riquebourg, dit Leuwen[1] gaiement à Coffe, car la conscience d’avoir bien joué son rôle plaçait pour la première fois sur le second plan l’outrage de Blois.

— Et vous avez été infiniment plus homme d’État, c’est-à-dire insignifiant et donnant dans le lieu commun élégant et vide.

— Aussi en savons-nous beaucoup moins sur les élections de Caen après une conférence d’une grande heure que sur celles de M. de Riquebourg après un quart d’heure, dès que vous l’eûtes fait sortir de ses maudites généralités par vos questions incisives.

M. de Séranville n’admettrait nulle comparaison avec ce bon bourgeois de Riquebourg, qui dissertait sur les comptes de

  1. Il est ridicule aux yeux d’un homme qui serait Molière, Shakspeare et le cardinal de Retz. Mais qui n’est pas ridicule aux yeux d’une majorité suffisante, qui n’est pas susceptible de la faire rire ne peut être appelé ridicule