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de baisers ; elle sentit qu’il pleurait encore. Ne pleurez point, vous me faites tant de peine… Dites-moi à votre tour ce que vous avez fait. Julien ne pouvait parler. Je veux savoir votre genre de vie au séminaire, répéta-t-elle, puis vous vous en irez.

Sans penser à ce qu’il racontait, Julien parla des intrigues et des jalousies sans nombre qu’il avait d’abord rencontrées, puis de sa vie plus tranquille depuis qu’il avait été nommé répétiteur.

Ce fut alors, ajouta-t-il, qu’après un long silence, qui sans doute était destiné à me faire comprendre ce que je vois trop aujourd’hui, que vous ne m’aimiez plus et que j’étais devenu indifférent pour vous… Madame de Rênal serra ses mains. Ce fut alors que vous m’envoyâtes une somme de cinq cents francs.

— Jamais, dit madame de Rênal.

— C’était une lettre timbrée de Paris et signée Paul Sorel, afin de déjouer tous les soupçons.

Il s’éleva une petite discussion sur l’origine possible de cette lettre. La position morale changea. Sans le savoir, madame de Rênal et Julien avaient quitté le ton solennel ; ils étaient revenus à celui d’une tendre amitié. Ils ne se voyaient point, tant l’obscurité était profonde, mais le son