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cantiques au Sacré-Cœur, etc., etc., qui lui semblaient si mortellement ennuyeux, devinrent ses moments d’action les plus intéressants. En réfléchissant sévèrement sur lui-même, et cherchant surtout à ne pas s’exagérer ses moyens, Julien n’aspira pas d’emblée, comme les séminaristes qui servaient de modèles aux autres, à faire à chaque instant des actions significatives, c’est-à-dire prouvant un genre de perfection chrétienne. Au séminaire, il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote.

Le lecteur, qui sourit peut-être, daignerait-il se souvenir de toutes les fautes que fit, en mangeant un œuf, l’abbé Delille invité à déjeuner chez une grande dame de la cour de Louis XVI.

Julien chercha d’abord à arriver au non culpa, c’est l’état du jeune séminariste dont la démarche, dont la façon de mouvoir les bras, les yeux, etc., n’indiquent à la vérité rien de mondain, mais ne montrent pas encore l’être absorbé par l’idée de l’autre vie et le pur néant de celle-ci.

Sans cesse Julien trouvait écrites au charbon, sur les murs des corridors, des phrases telles que celle-ci : Qu’est-ce que soixante ans d’épreuves, mis en balance avec une éternité de délices ou une éter-