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de l’éditeur

Au lecteur de choisir sa version, mais si le titre demeure obscur, les sources du roman sont mieux connues et permettent de bien comprendre comment Stendhal composait et quelle était d’ordinaire sa méthode de travail.

On a voulu soutenir que son don d’invention était à peu près nul parce que l’anecdote dont il part, presque toujours, est prise par lui, sans y changer grand’chose, ou dans un vieux livre ou dans une gazette récente. Il est vrai que pour Stendhal le thème initial importait peu. Ce qu’il voulait, ce n’était que la vérité absolue dans l’ordre des idées. Et s’il n’avait pas l’imagination des faits, du moins avait-il celle des sentiments à un degré où bien peu surent atteindre. Le sujet pour lui est ce noyau central autour duquel il va cristalliser tout à son aise. Si la comparaison ne semblait irrespectueuse, nous dirions qu’il fait ses romans comme on fabrique les perles japonaises. Au centre, le petit morceau de nacre ou d’écaille n’a plus grande importance. Il a bientôt disparu sous les couches concentriques d’une matière sans prix et d’un orient idéal. Ainsi, par ce don qu’il a d’expliquer perpétuellement la pensée et la vie, Stendhal a su créer des types immortels.