CHAPITRE XII
un voyage
e
lendemain, dès cinq heures, avant
que madame de Rênal fût visible,
Julien avait obtenu de son mari un
congé de trois jours. Contre son attente,
Julien se trouva le désir de la revoir, il
songeait à sa main si jolie. Il descendit au
jardin, madame de Rênal se fit longtemps
attendre. Mais si Julien l’eût aimée, il
l’eût aperçue derrière les persiennes à
demi fermées du premier étage, le front
appuyé contre la vitre. Elle le regardait.
Enfin, malgré ses résolutions, elle se détermina
à paraître au jardin. Sa pâleur habituelle
avait fait place aux plus vives couleurs.
Cette femme si naïve était évidemment
agitée : un sentiment de contrainte
et même de colère altérait cette expression
de sérénité profonde et comme au-dessus
de tous les vulgaires intérêts de la vie,