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un bon curé

trouva dans ses manières un certain feu tout mondain, bien différent de celui qui eût dû animer un jeune lévite.

— Mon ami, lui-dit-il encore, soyez un bon bourgeois de campagne, estimable et instruit, plutôt qu’un prêtre sans vocation.

Julien répondit à ces nouvelles remontrances, fort bien, quant aux paroles : il trouvait les mots qu’eût employés un jeune séminariste fervent ; mais le ton dont il les prononçait, mais le feu mal caché qui éclatait dans ses yeux alarmaient M. Chélan.

Il ne faut pas trop mal augurer de Julien ; il inventait correctement les paroles d’une hypocrisie cauteleuse et prudente. Ce n’est pas mal à son âge. Quant au ton et aux gestes, il vivait avec des campagnards ; il avait été privé de la vue des grands modèles. Par la suite, à peine lui eut-il été donné d’approcher de ces messieurs, qu’il fut admirable pour les gestes comme pour les paroles.

Madame de Rênal fut étonnée que la nouvelle fortune de sa femme de chambre ne rendît pas cette fille plus heureuse ; elle la voyait aller sans cesse chez le curé, et en revenir les larmes aux yeux ; enfin Élisa lui parla de son mariage.

Madame de Rênal se crut malade ;