Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XV

L’AMOUR AU BOIS


Pendant les mois suivants, elle s’ennuyait toutes les fois qu’elle était dans la maison de son oncle ; elle passait donc sa vie dans les champs. Elle reprit ses rêveries sur l’amour ; mais ses pensées n’étaient point tendres, elles n’étaient que de curiosité. Le langage dont sa tante se servait en tâchant de la prémunir contre les séductions des hommes devait à sa platitude un succès complet ; le dégoût qu’il lui donnait rejaillissait sur l’amour. Sa tante lui disait un jour :

— Comme on sait que les belles robes que je porte le dimanche à l’église viennent de toi, les jeunes gens supposeront peut-être, au reste avec raison, que Mme la duchesse te fera un cadeau le jour de tes noces, et, dès qu’ils te verront seule, ils chercheront à te serrer dans leurs bras.

Ces derniers mots frappèrent la curiosité de Lamiel, et, au retour de sa promenade du soir, un