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dire qu’il n’a pas un an de vie ; Dieu le punit d’avoir rompu son ban en se sauvant traîtreusement de la citadelle.

La marquise s’assit sur le divan de la galerie, et fit signe à Gonzo de l’imiter. Après quelques instants, elle lui remit une petite bourse où elle avait préparé quelques sequins. — Faites-moi retenir quatre places.

— Sera-t-il permis au pauvre Gonzo de se glisser à la suite de Votre Excellence ?

— Sans doute ; faites retenir cinq places… Je ne tiens nullement, ajouta-t-elle, à être près de la chaire ; mais j’aimerais à voir mademoiselle Marini, que l’on dit si jolie.

La marquise ne vécut pas pendant les trois jours qui la séparaient du fameux lundi, jour du sermon. Le Gonzo, pour qui c’était un insigne honneur d’être vu en public à la suite d’une aussi grande dame, avait arboré son habit français avec l’épée ; ce n’est pas tout, profitant du voisinage du palais, il fit porter dans l’église un fauteuil doré magnifique destiné à la marquise, ce qui fut trouvé de la dernière insolence par les bourgeois. On peut penser ce que devint la pauvre marquise, lorsqu’elle aperçut ce fauteuil, et qu’on l’avait placé précisément vis-à-vis la