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en voiture à cinq heures et demie, après sa sieste, pour aller au Corso.

— Voilà comment vous êtes, avec vos bêtises ! dit-il grossièrement au Gonzo ; vous me ferez arriver au Corso après la princesse, dont je suis le chevalier d’honneur, et qui peut avoir des ordres à me donner. Allons dépêchez ! dites-moi en peu de paroles, si vous le pouvez, ce que c’est que ces prétendus amours de monseigneur le coadjuteur ?

Mais le Gonzo voulait réserver ce récit pour l’oreille de la marquise, qui l’avait invité à dîner ; il dépêcha donc, en fort peu de mots, l’histoire réclamée, et le marquis, à moitié endormi, courut faire sa sieste. Le Gonzo prit une tout autre manière avec la pauvre marquise. Elle était restée tellement jeune et naïve au milieu de sa haute fortune, qu’elle crut devoir réparer la grossièreté avec laquelle le marquis venait d’adresser la parole au Gonzo. Charmé de ce succès, celui-ci retrouva toute son éloquence, et se fit un plaisir, non moins qu’un devoir, d’entrer avec elle dans des détails infinis.

La petite Anetta Marini donnait jusqu’à un sequin par place qu’on lui retenait au sermon ; elle arrivait toujours avec deux de ses tantes et l’ancien caissier de son père. Ces places, qu’elle faisait garder dès