Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’épervier, et se précipita à ses genoux comme la première fois.

— Où étiez-vous il y a quinze jours ?

— Dans la montagne au delà de Novi, pour voler des muletiers qui revenaient de Milan où ils avaient vendu de l’huile.

— Acceptez cette bourse.

Ferrante ouvrit la bourse, y prit un sequin qu’il baisa et qu’il mit dans son sein, puis la rendit.

— Vous me rendez cette bourse et vous volez !

— Sans doute ; mon institution est telle, jamais je ne dois avoir plus de cent francs ; or maintenant, la mère de mes enfants a quatre-vingts francs et moi j’en ai vingt-cinq, je suis en faute de cinq francs, et si l’on me pendait en ce moment j’aurais des remords. J’ai pris ce sequin parce qu’il vient de vous et que je vous aime.

L’intonation de ce mot fort simple fut parfaite. Il aime réellement, se dit la duchesse.

Ce jour-là il avait l’air tout à fait égaré. Il dit qu’il y avait à Parme des gens qui lui devaient six cents francs, et qu’avec cette somme il réparerait sa cabane où maintenant ses pauvres petits enfants s’enrhumaient.

— Mais je vous ferai l’avance de ces