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CHAPITRE XLVI

Suite de l’Angleterre.


J’aime trop l’Angleterre et je l’ai trop peu vue pour en parler. Je me sers des observations d’un ami.

L’état actuel de l’Irlande (1822) y réalise pour la vingtième fois depuis deux siècles[1], cet état singulier de la société si fécond en résolutions courageuses, et si contraire à l’ennui, où des gens qui déjeunent gaiement ensemble peuvent se rencontrer dans deux heures sur un champ de bataille. Rien ne fait un appel plus énergique et plus direct à la disposition de l’âme la plus favorable aux passions tendres : le naturel. Rien n’éloigne davantage des deux grands vices anglais le cant et la bashfulness, [hypocrisie de moralité et timidité orgueilleuse et souffrante ; voir le voyage de M. Eustace, en Italie. Si ce voyageur peint assez mal le pays, en revanche il donne une idée fort exacte de son propre caractère ; et ce caractère, ainsi

  1. Le jeune enfant de Spencer brûlé vif en Irlande.