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rait approcher, n’ont ni ses plaisirs divins ni ses accidents, et que les beaux-arts, qui se nourrissent des timidités de l’amour, sont pour eux lettres closes. L’homme qui ne désire qu’un bonheur commun, comme Duclos, le trouve souvent, n’est jamais malheureux, et, par conséquent, n’est pas sensible aux arts.

Le tempérament athlétique ne trouve ce genre de malheur que par épuisement ou faiblesse corporelle, au contraire des tempéraments nerveux et mélancoliques, qui semblent créés tout exprès.

Souvent, en se fatiguant auprès d’une autre femme, ces pauvres mélancoliques parviennent à éteindre un peu leur imagination, et par là à jouer un moins triste rôle auprès de la femme objet de leur passion.

Que conclure de tout ceci ? Qu’une femme sage ne se donne jamais la première fois par rendez-vous. — Ce doit-être un bonheur imprévu.

Nous parlions ce soir du fiasco à l’état-major du général Michaud, cinq très beaux jeunes gens de vingt-cinq à trente ans et moi. Il s’est trouvé que, à l’exception d’un fat, qui probablement n’a pas dit vrai, nous avions tous fait fiasco la première fois avec nos maîtresses les plus célèbres. Il est vrai que peut-être aucun