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Paris, un élysée pour les femmes malheureuses, une maison de refuge où, sous peine des galères, il n’entrerait d’autre homme que le médecin et l’aumônier. Une femme qui voudrait obtenir le divorce serait tenue, avant tout, d’aller se constituer prisonnière dans cet élysée ; elle y passerait deux années sans sortir une seule fois. Elle pourrait écrire, mais jamais recevoir de réponse.

Un conseil composé de pairs de France et de quelques magistrats estimés dirigerait, au nom de la femme, les poursuites pour le divorce, et réglerait la pension à payer par le mari à l’établissement. La femme qui succomberait dans sa demande devant les tribunaux serait admise à passer le reste de sa vie à l’élysée. Le gouvernement compléterait à l’administration de l’élysée deux mille francs par femme réfugiée. Pour être reçue à l’élysée, il faudrait avoir eu une dot de plus de vingt mille francs. La sévérité du régime moral serait extrême.

Après deux ans d’une totale séparation du monde, une femme divorcée pourrait se remarier.

Une fois arrivées à ce point, les chambres pourraient examiner si, pour établir