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CHAPITRE XXXV

De la jalousie.


Quand on aime, à chaque nouvel objet qui frappe les yeux ou la mémoire, serré dans une tribune et attentif à écouter une discussion des chambres ou allant au galop relever une grand’garde, sous le feu de l’ennemi, toujours l’on ajoute une nouvelle perfection à l’idée qu’on a de sa maîtresse, ou l’on découvre un nouveau moyen, qui d’abord semble excellent, de s’en faire aimer davantage.

Chaque pas de l’imagination est payé par un moment de délices. Il n’est pas étonnant qu’une telle manière d’être soit attachante.

À l’instant où naît la jalousie, la même habitude de l’âme reste, mais pour produire un effet contraire. Chaque perfection que vous ajoutez à la couronne de l’objet que vous aimez, et qui peut-être en aime un autre, loin de vous procurer une jouissance céleste, vous retourne un poignard dans le cœur. Une voix vous crie : Ce plai-