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lui que je croyais avoir la veille. De là, j'allai chez les P... toucher les trois cents francs que j'attends depuis assez long­temps pour être content de leur arrivée. Je reviens chez moi -j'étais triste, tris-te de honte de ne pouvoir diminuer ma passion, d'être si enfant, et bien plus triste de me trouver jaloux, au fond du cœur, de l'homme que j'avais trouvé chez elle.

Combien il m'eut été doux en ce mo­ment de t'avoir auprès de moi ! mais rien : des amis de l esprit, des gens qui m'amusent et à qui je tâche de le rendre ; point de cœur qui entende le mien ; je crois saisir et presser la main d'un homme et d'un ami, je trouve une main de bois, comme dit le sensible Werther.

Et cependant tout se réunissait pour me rendre heureux dans ce moment. Je suis jeune et sensible ; j'ai de l'argent et je suis libre ; voilà la vie, ma chère Pauline. Il faut s'y faire ; en dernière analyse, on ne trouve de constamment bon que la société de gens sensibles ei spirituels, tels que tu les réunirais ici, si tu y tenais maison avec quinze mille francs de rente. Voilà où nous devons tendre tous les deux ; je ne sais si tu y trouveras ton bon­heur ; pour moi, après tant de passions, j'y trouverai la tranquillité riante et l'ai­mable gaieté de tous les jours me retirera