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état qu'eussent leurs maris. Elles ont tenu parole : six le sont à des gens d'une fortune assez inégale ; ça n'empêche pas chacune d'elles de recevoir à son tour. Excepté sept ou huit parents d'obliga­tion, tout le reste est jeune, gai et spi­rituel. C'est une manière adroite de te dire que je suis tout cela. L'air de la maison est mortel pour les sots, ils s'enfuient bien vite en criant partout que c'est un gouffre, une réunion de gens à mauvais cœur qui ne respectent rien, et qui se moquent de tout depuis Dieu ; ils ne disent pas jusqu'à nous, parce que le chemin est bien long pour les autres, mais il le pensent.

Si tu n'as pas assez d'argent pour par­tir, le remède est tout simple : viens ap­prendre la banque avec moi et Mante ; il y a ici vingt femmes qui tiennent des maisons, et qui, en cinq ou six heures d'un travail moins pénible qu'un bas gagnent quinze ou vingt mille livres. Tu feras comme elles, et tu jouiras en même temps de cette liberté que tu désires tant, et des charmes de la plus aimable société. La liberté est ici à son comble ; ce pays te convient ; je ne comprends pas com­ment tu ne prends pas la poste. Tu es faite pour y avoir tout le succès possible, et c'est vraiment (pour parler les termes de