Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

80. — A

A SA SŒUR PAULINE

11 Nivôse an XIIL [Mardi, I" Janvier 1805.]

a jouissance la plus constante que nous puissions éprouver est celle d'être contents de nous. Lorsqu'au bout d'un an, par exemple, nous venons à penser aux choses qui nous rendaient satisfaits de nous, il y a un an, nous voyons souvent que nous n'avions pas raison de l'être ; ce souvenir nous attriste et diminue notre bonheur actuel.

Ce bonheur d'être content de. nous n'est pas le plus vif que nous puissions sentir ; mais il est la base de tous les autres et il s'y mêle. C'est le pain du bonheur, non le meilleur aliment, mais celui qui se mêle à tous les autres, et le seul qui ne dégoûte jamais.

En examinant les causes qui nous fai­saient tromper il y a un an, nous voyons que nous raisonnions mal ; que nous fai­sions des raisonnements de cette force : deux et deux font quatre ; ôté un, reste deux.