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passions sur des gens qui iraient au but sans craindre ni ridicule, ni autre chose.

Tu vois cela dans Andromaque ; il n'y a qu'une faible peinture des mœurs grecques.

Corneille a peint les mœurs romaines dans Cinna, Horace, Othon, etc., etc. ; les mœurs espagnoles et chevaleresques dans le Cid. Shakspeare a peint les mœurs romaines dans César, Coriolan, etc., etc., et les mœurs vénitiennes dans le sublime Othello, les anglaises dans Richard 'III, les anciennes mœurs anglaises dans Lear, Macbeth et toutes les pièces historiques.

Comme le poète tragique peut se passer presque entièrement de la connaissance des mœurs, le poète comique peut se passer presque entièrement de celle des passions. Il n'y a que fort peu de connaissance des passions dans les Précieuses ridicules de Molière, qui ont été peut-être la pièce la plus comique possible pour les spectateurs à qui elle fut adressée. Maintenant elle vieillit : on n'y reconnaît plus Molière, qu'à la vigueur des traits et à la scenegiatura (mot d'Alfieri).

Les mœurs changent, mais non les pas­sions ; les moyens de passions changent avec les mœurs.

Les passions ne changent pas, les tra­gédies ne peuvent vieillir (lorsqu'elles ont