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charmante ; il est on ne peut pas mieux disposé pour toi ; il me parle des demoi­selles M..., et il a raison ; voici le fait : Madame M..., qui a beaucoup d'esprit, a dit : « Mes filles ne sont pas riches; donc elles ne se marieront pas si elles ne peuvent faire tomber quelqu'un amoureux d'elles ; tâchons donc de prendre un nigaud. » Dès lors, elle les mène partout, accueille les jeunes gens, etc., etc. ; l'état des familles la favorisait ; cela a réussi pour l'aînée ; je crois T... amoureux d'elle ; mais, nouvel embarras ; la comédie allait bien jusque-là ; mais il n'y a point de comédie sans père barbare ; aussi M. M... ne veut point de T... ; voilà le roman de l'aînée ; j'ignore ceux des cadettes ; or, mon père sait le roman, et il court dans l'oreille à la ville.

Tu sens que les jaloux, dont mon père a beaucoup comme tout homme à talent, ne manqueront pas de dire : mademoi­selle Beyle aime mademoiselle M... par analogie ; elles se confient leurs tendres inquiétudes. Voilà ce qu'il te faut consi­dérer : vois toujours les demoiselles M.., mais éloigne la familiarité ; une fois ma­riées, vois-les familièrement, mais n'en fais pas des amies ; je sais l'aînée bavarde et les autres bêtes. Dans une petite ville, bavarde dit méchante. Réfléchis à cela ;