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aux folies que je vous ai contées pendant deux ans. Lorsque j'ai reçu vos lettres, j'ai renvoyé, et puis j'ai eu honte d'avoir renvoyé. II faut nécessairement, pour m'excuser, que je calomnie l'humanité et que je m'écrie : « Voilà l'homme ! » Au reste, je pense que la conspiration de vos Rennois vous aura distrait. Ces gens-là ont des familles qui ont dû remuer. George 1 et les autres non graciés ont fini hier, très bien, à ce que dit le peuple qui les a vus. Les Tracasseries, comédie en cinq actes de Picard, ont aussi tombé hier soir. Je ne sais où vous en êtes des nouvelles soi-disant littéraires ; si vous les savez, sautez les cinq ou six lignes qui suivent. Vous savez que rien n'est sévère comme le vulgaire lorsqu'il s'avise de vouloir faire de la vertu sur quelqu'un, et il montrait ou croyait montrer cinq ou six vertus différentes en sifflant le Pierre le Grand, tragédie de Carrion Nizas, tri­bun. Il faut avouer ausa qu'il a pris soin que la matière ne manquât pas. Il s'est rendu complètement ridicule et même odieux. Les femmes surtout étaient achar­nées contre lui. J'étais à la première repré­sentation. La pièce est pitoyable ; cela a occupé cinq ou six jours ; ensuite la

1. George Cadoudal, exécuté à Pari? le 25 juin 1S04.