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étant de la famille. Je me convainquis pleinement de ce trait de son caractère, étant aux Echelles avec André*- : il tourna exprès la conversation sur toi pour dire que tu travaillais trop ; si tu n'avais pas travaillé, il aurait dit de même que tu étais trop dissipée. Je pris bien vite ce tort sur moi, l'occasion était importante.

Malgré lui, sa malignité tourna à ton avantage ; car comme, Caroline et toi, vous êtes des espèces d'anachorètes, André (tu sais qui c'est) était très curieux sur votre compte et surtout sur le tien par une drôle de circonstance. La veille de mon départ, je vous accompagnai dans la rue des Vieux-Jésuites. Tu sais que je m'entendis appeler en entrant dans l'allée ; c'était lui qui venait d'accompagner M. R... Tu avais ce soir-là sur ta tête un voile comme ce joli mezzaro des Génoises qui donne un air doucement affligé à la phy­sionomie ; tu l'étais peut-être un peu, de manière qu'il se fit la plus douce image de toi ; je vis que cette image l'avait frappé. Ta tournure exprimait à ses yeux le plus doux caractère d'une femme, cette

Beyle comme 11 le sera répété à nouveau dans la lettre du SI décembre 180t.

I. André dêVijîne sans doute Périer-Iiagrange qui devait plus tard épouser Pauline. Le voyage aux Echelles avait eu lieu en mars 1804, quand Beyle regagna Paris par Genève.