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destine et, lorsque la feuille sera pleine, je te l'enverrai. Cela vient de ce que je suis très persuadé qu'on ne peut s'aimer qu'autant qu'on se ressemble, et je vou­drais que nous nous ressemblassions le plus possible.

Ne perds pas mes lettres ; elles nous seront utiles à tous deux : à toi, tu pourras comprendre par la suite ce que tu n'as pas saisi d'abord, à moi, elles me donne­ront l'histoire de mon esprit1.

Tu as à ta disposition un excellent moyen d'instruction, peut-être même le meilleur possible.

Je crois, et je te le démontrerai par la suite, que tout malheur ne vient que d'erreur, et que tout bonheur nous est procuré par la vérité : faisons donc tous nos efforts pour connaître cette vérité. Les divers sens que nous attachons aux mots dont nous nous servons souvent, sont une grande source d'erreur. Atta­chons-nous donc à voir ce que disent ces mots. Fais donc bien vite un cahier d'application, ne prononce jamais le mot de vertu sans te dire tout ce qui est utile au plus grand nombre. Le mot

1. Toute cette lettre ne lait que résumer les cahiers les plus importants que Beyle noircissait infatigablement à cette époque sous le titre de Filosofia nova, où ces mêmes dées «ont reprises et commentées avec abondance.