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voyage à la campagne. De toutes les par­ties où je suis allé, celle où je me suis le plus amusé est celle de Mme Périer. On soupait au deuxième, on avait dansé au premier. Au milieu du souper nous nous échappâmes, Mlles Mallein, Loyer, Dubois et Tournadre, Félix Faure, Coiet, Arnold et moi, et nous dansâmes une douzaine de contredanses avec la joie de dix-huit ans.

Pour achever de vous mettre au fait, le public marie Mlle Loyer,chez qui nous dansons ce soir, à Casimir Périer et MUe Alex. Pascal à Alexandre Périer. Ceci entre nous, ainsi que tout le reste. Vous savez combien la discrétion est une belle chose ; ainsi brûlez ma lettre.

Vous parler de moi après tout cela, c'est bien présomptueux. Cependant, comme je suis bien persuadé de votre amitié pour moi, je suis le fil de mes idées et je réponds à votre lettre. Vous avez deviné mon secret, mais vous vous faites une fausse idée de moi : j'estime peu les hommes parce que j'en ai vu très peu d'estimables ; j'estime encore moins les femmes parce que je les ai vues presque toutes se mai conduire; mais je crois encore à la vertu chez les uns et chez les autres. Cette croyance fait mon plus grand bon­heur; sans elle je n'aurais point d'amis,