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n'est naturelle que dans le tourbillon de la gaieté ; parmi les bois et leur vaste si­lence, l'esprit s'en va, il ne reste qu'un cœur pour sentir.

Je suis étonné que vous, homme d'es­prit, homme instruit, fds d'un homme digne de donner des lois à sa patrie, scandalisiez un soldat qui n'a su de sa vie que l'algèbre de Clairaut et les manœuvres de cavalerie. Quoi, il est moins criminel d'être le centième amant d'une femme mariée que d'être le premier ! Moi j'aime mieux me damner en raisonnant juste. Il me semble qu'une loi n'est obligatoire, que par conséquent sa violation n'est un crime, que lorsque cette loi vous assure ce pour quoi elle est faite. La loi de la fidélité du mariage vous assurait une épouse fidèle, une compagne, une amie pour toute la vie, des enfants dont nous aurions été les pères ; enfin, un bonheur bien au-dessus, selon moi, du plaisir fugi­tif que nous trouvons dans les bras des femmes galantes ; mais cette loi n'existe plus que dans les livres, et les épouses fidèles ne sont plus même dans les romans. Il est d'ailleurs évident que le Français actuel, n'ayant pas d'occupation au forum est forcé à l'adultère par ta nature même de son gouvernement.

Lorsqu on a le malheur d'être désabusé