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c'est la terre qui tourne, et que le soleil ne tourne que sur son axe. Dis-moi le nom des ignorants qui te font enseigner Ptoléméo.

L'ancien proverbe qui dit : « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es, » est très juste et mérite d'être médité et bien compris. On ne comprend, en effet, que les idées qui s'approchent des nôtres, et on trouve toujours ridicules et odieuses celles qui ne ressemblent pas aux nôtres. De là vient que, ayant des idées très dif­férentes de celles de la société dont tu me parles, ils te semblent ridicules. A quoi bon, en effet, perdre à jouer et à dire des niaiseries et des faussetés, un temps si précieux et qui ne revient pas ? Tu es dans ta dix-septième année : songe qu'elle passe pour ne plus revenir, et que tu te reprocheras, dans trois ans, tous les mo­ments que tu perdras à parler avec des gens qui n'ont que de fausses idées.

Tout homme regarde les actions d'un autre homme comme vertueuses, vicieuses ou permises, selon qu'elles lui sont utiles, nuisibles ou indifférentes. Cette vérité morale est générale et sans exception.

Tu pourras voir, par une conséquence de ce principe lumineux, que les hommes n'ont jamais donné le nom de grand qu'à celui qui leur a rendu un grand service, ou qui les a beaucoup amusés. On dit