Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

philosophe Bacon » ; « Bacon philosophe un grand est ». Etc., etc.

Tu sens combien ces langues doivent prêter à la poésie : l'italien a un peu cet avantage. Je t'écrirai bientôt pour te donner, sur l'étude des langues, les prin­cipes de Dumarsais1, un des plus grands grammairiens qui aient existé, dont tu peux lire l'éloge à la tête du septième volume de l'Encyclopédie.

Le plus grand des poètes comiques, le divin Molière a dit :

Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant.

Rien de pire, en effet, que la fausse science ; tâche de t'en garantir d'ici aux féries. Ce que je te recommande, c'est (excepté la religion) de ne rien croire sans examen : rien ne rend ridicule comme de répéter les sottises des autres. Ne parlons jamais de ce que nous ne savons pas ; mais, quand nous parlons, ne disons que ce que nous croyons, et que nous sommes prêts à démontrer. Je m'occupe une demi-

1. César Chesneau Du Marsais, né à Marseille en 1676, mort à Paris en 1756, Diderot et d'Alembert lui confièrent la rédaction des articles de grammaire de l'Encyclopédie. Stendhal avait commencé le 23 octobre 1802 un « Eloge de Dumarsais » que l'Académie venait de proposer pour le Prix d' Eloquence. (Cf. Pensées, édition du Divan, tome I, page 1,)