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Le lundi qui fut le pénultième jour de l’an susdit, on en pendit treize parmi lesquels plusieurs étaient très nobles ; deux autres, l’un dit le capitaine Splendiano et l’autre le comte Paganello, furent conduits par la place et légèrement tenaillés ; arrivés au lieu du supplice, ils furent assommés, eurent la tête cassée, et furent coupés en quartiers, étant encore presque vifs. Ces hommes étaient nobles, et, avant qu’ils ne se donnassent au mal, ils étaient fort riches. On dit que le comte Paganello fut celui qui tua la signora Vittoria Accoramboni avec la cruauté qui a été racontée. On objecte à cela que le prince Louis, dans la lettre citée plus haut, atteste qu’il a fait la chose de sa main ; peut-être fut-ce par vaine gloire comme celle qu’il montra dans Rome en faisant assassiner Vitelli, ou bien pour mériter davantage la faveur du prince Virginio Orsini.

Le comte Paganello, avant de recevoir le coup mortel fut percé à diverses reprises avec un couteau au-dessous du sein gauche, pour lui toucher le cœur comme il l’avait fait à cette pauvre dame[1]. Il arriva de là que de la poitrine il versait comme un fleuve de sang. Il vécut ainsi plus d’une demi-heure, au grand étonnement de tous.

  1. La loi du talion semble innée dans le cœur de l’homme. 26 avril 1833. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien).