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Je n’avais pas encore vu de passage si pittoresque depuis que j’étais en Afrique. D’énormes ondulations de terrain ; puis, çà et là, des collines et des rochers de syénite, figurant d’anciennes forteresses, donnaient au bois un aspect fantastique. On aurait cru voir un coin de l’Angleterre à l’époque féodale.

Il était près de cinq heures, lorsqu’on fit halte. Nous avions marché trente-deux kilomètres ; tout le monde avait besoin de repos.

À une heure, la lune étant levée, Hamed sonna du cor et nous cria : « En marche ! » Évidemment il était fou. Un murmure de profond mécontentement répondit à son appel. Néanmoins, présumant qu’il avait pour nous réveiller à cette heure indue quelque bonne raison, cheik Thani et moi nous ne lui fîmes pas de remontrances, attendant ce qui arriverait pour juger de sa conduite.

Toute la bande était maussade ; la marche fut silencieuse. Nous étions à quatorze cents mètres au-dessus de la mer, et le thermomètre ne marquait pas douze degrés. La rosée était froide comme du givre ; les porteurs, presque nus, hâtaient le pas pour se réchauffer ; beaucoup d’entre eux se blessèrent en se heurtant les pieds contre le roc, ou en marchant sur des épines.

Arrivés à la halte, nous nous jetâmes par terre ; et chacun de s’endormir. Pour moi, ce fut d’un profond sommeil.