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dans les haltes, on voyait ce Petit-Poucet toujours allant venant, furetant, s’agaçant, dérangeant tout, et troublant tout le monde.

Nos ballots ne devaient pas être mêlés, ni déposés trop près des siens, ni rangés de telle manière. Il avait une façon à lui d’empiler ses bagages, et restait là pour les faire entasser. Du premier coup d’œil, il choisissait le meilleur endroit pour y planter sa tente, et ne souffrait pas qu’on empiétât sur son terrain. À le voir si frêle on se serait imaginé qu’après une marche de vingt à vingt-cinq kilomètres il eût été heureux d’abandonner ces menus détails à ses gens ; mais non ; rien ne pouvait être bien fait s’il n’était là ; d’ailleurs infatigable : le mot lassitude n’existait pas pour lui.

De Cougno au pays de Gogo, la distance est de quarante-huit kilomètres et doit être franchie en trente-six heures, ce qui fait plus que doubler la fatigue ordinaire.

Je m’étais figuré que le Gogo était un plateau escarpé, dominant le désert d’à peu près cent mètres, et révélant tout-à-coup son étendue et sa richesse. Au lieu de cela, je trouvai une transition insensible : à la sortie d’herbes folles, un horizon borné par des tiges de sorgho, dans les limites les plus étroites ; des collines entrevues par hasard, un sol toujours aride.

Les premières paroles qui frappèrent mon oreille dans cette province sortirent de la bouche d’un homme d’un certain âge, aux formes robustes, qui soignait des vaches avec indolence, mais qui, à mon approche, témoigna vivement de l’intérêt qu’avait pour lui cet