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quatre hommes. Je fis donc construire une petite voiture de 1,50 m de long, sur 0,46 m de large, à laquelle furent adaptées les roues de devant d’un petit chariot américain. Elle devait servir pour les caisses de munitions, à la fois lourdes et étroites. On verra si la pratique justifia ma théorie.

En somme, mon matériel pesant onze mille livres, et chaque porteur prenant soixante-dix livres, j’avais besoin de soixante hommes pour mon convoi. Je ne pouvais me les procurer qu’en Afrique. Je me hâtai donc d’aller prendre congé de Sa Hautesse Séïd Bargach, sultan de Zanzibar, et le lendemain, c’est-à-dire le 5 février 1871, quatre daous étaient réunis devant le consulat américain. On mit les chevaux dans le premier : le deuxième et le troisième reçurent mes vingt-sept ânes ; le quatrième, beaucoup plus grand, fut chargé de la troupe et de la cargaison.

Quand l’arrimage fut fini, tout le monde à bord, Shaw ni Farquhar ne paraissaient point. Après d’actives recherches, on les trouva chez un marchand de liqueurs, où ils exposaient à une douzaine d’ivrognes ce qu’il y a de sublime dans le grand art d’explorer l’Afrique, et où ils tâchaient d’écarter, à force d’eau-de-vie de grain, les noirs pressentiments qui se glissaient dans leur âme.

« Mauvais début ! leur dis-je, lorsqu’en titubant ils approchèrent du quai.

– Sans… sans vous déplaire, monsieur, puis-je vous demander si… si vous croyez que… que j’ai eu raison de vous promettre… d’aller avec vous ? balbutia Shaw.