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rudes épreuves de ces derniers temps m’ont fait bien accueillir.

Le 6 mai, nous entrions à Bagamoyo au coucher du soleil, où l’on criait de tous côtés : « L’homme blanc est revenu ! »

La trompe du kirangozi a la puissance du cor d’Astolphe. Arabes et indigènes nous entourent. Ce drapeau, dont les étoiles ont brillé sur le Tanguégnica, dont la vue a promis assistance à Livingstone en détresse, est de retour à la côte ; il y reparaît déchiré, en lambeaux, mais avec honneur.

Nous sommes dans la ville. Sur les marches d’une grande maison, je vois un homme vêtu de flanelle et coiffé d’un casque pareil a celui que je porte ; il est jeune, a des favoris roussâtres, la physionomie spirituelle et vive, tandis qu’une légère inclinaison de tête lui donne un certain air pensif.

Un homme de race blanche est à mes yeux presque un parent ; je me dirige vers celui-ci, il vient à ma rencontre ; une poignée de main chaleureuse nous ne nous embrassons pas ; à cela près, rien ne manque à notre accueil.

« N’entrez-vous pas ? me dit-il.

– Non, merci.

– Qu’allez-vous prendre ? De la bière, du stout, ou de l’eau-de-vie ? Eh ! par George ! s’écria-t-il avec impétuosité, je vous félicite de votre éclatant succès. »

Je reconnus alors qu’il était anglais : c’est leur manière de faire les choses. Toutefois, en Afrique, l’habitude aurait pu changer. «Un succès éclatant ! » Est-ce de la sorte qu’ils l’envisagent ? Tant mieux.