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Sur la rive nos gens partageaient la joie bruyante de nos mariniers et reprenaient en chœur leurs refrains. Quand nous avions à doubler un cap, on les voyait presser le pas pour regagner le terrain que leur avait fait perdre notre traversée d’une baie. Mes trois jeunes servants d’armes bondissaient au milieu des chèvres, des moutons et des ânes, qui participaient à la gaieté générale. La nature elle-même, fière et sauvage, avec sa coupole bleue s’élevant à l’infini, son immense verdure, ses profondeurs, son lac étincelant, sa sérénité imposante, augmentait notre joie et semblait y prendre part.

La végétation continuait à être excessive et le paysage intéressant ; à chaque détour, c’étaient de nouvelles beautés. Je remarquai, près de l’embouchure du Malagarazi, que le calcaire tendre, dont en général sont formés les falaises et les promontoires, a été curieusement fouillé par les vagues.

Il était deux heures lorsque nous atteignîmes la bouche du fleuve ; nous avions fait vingt-neuf kilomètres. Notre bande n’arriva que trois heures après et accablée de fatigue. La traversée de la rivière fut remise au lendemain, qu’elle employa presque en entier.

Pour des civilisés qui s’établiraient dans cet endroit, le Malagarazi aurait l’énorme avantage de les rapprocher de la côte ; il est navigable sur une longueur de près de cent soixante kilomètres et permettrait, en toute saison, de remonter jusqu’aux villages de Kiala, d’où l’on gagnerait Couihara par une voie directe qu’il serait facile d’ouvrir. Des missionnaires en profiteraient