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supposions qu’il se rendait au lac Albert, ou à celui de Victoria. .

Séid ben Medjid nous avait dit que sa pirogue pouvait porter vingt-cinq hommes et seize cents kilogrammes d’ivoire. Comptant sur cette assurance, nous avions embarqué vingt-cinq de nos gens, dont quelques-uns s’étaient munis de sacs de sel dans l’intention de faire un peu de commerce ; mais à peine avions-nous quitté la rive qu’il y fallut revenir. Le canot, trop chargé, enfonçait jusqu’au bord. Six hommes furent remis à terre, le sel également ; et nous restâmes avec seize rameurs ; plus Sélim, Férajji et les deux guides.

Pour la première nuit, nous nous arrêtâmes dans la baie splendide de Kigoma.

Le lendemain, en face des hautes collines du Bemba, la teinte de l’eau parut annoncer une grande profondeur ; nous jetâmes la sonde, elle indiqua soixante-quatre mètres ; nous étions alors à un kilomètre et demi de la côte.

La rangée de montagnes revêtue d’une herbe d’un vert éclatant, d’où s’élevaient de grands bois, et qui plongeait ses flancs abrupts jusqu’au fond du lac où elle jetait ses promontoires, déroulait devant nous des beautés qui nous en faisaient espérer d’autres, sans jamais que notre espoir fût déçu. À chacune de ses pointes que nous doublions, c’étaient de nouvelles surprises ; dans chacun de ses plis, un tableau ravissant, des bouquets d’arbres couronnés de fleurs et d’où s’exhalaient des parfums d’une suavité indicible.