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– C’est vrai, répondit-il ; je ne me l’explique pas. Quand on m’a dit que vous aviez des bateaux, une foule de gens, des bagages en quantité, j’ai cru que vous étiez un officier français, envoyé par votre gouvernement pour remplacer le lieutenant Le Saint, qui est mort à quelques kilomètres de Gondocoro. Je l’ai pensé jusqu’au moment où j’ai vu le drapeau des États-Unis. À vrai dire, j’ai été bien aise de m’être trompé ; car je n’aurais pas pu lui parler français et, s’il n’avait pas connu l’anglais, c’eût été bien triste : deux Européens se rencontrant dans le pays de Djidji et ne pouvant se rien dire ! Hier, je ne vous ai pas demandé ce qui vous amenait, discrétion toute naturelle, car cela ne me regardait pas.

– Par amour pour vous, répliquai-je en riant, je suis heureux d’être américain et non pas français ; au moins nous pouvons nous entendre. Mais sérieusement, docteur, ne vous effrayez pas, je courais après vous !

– Après moi ?

– Oui.

– Comment cela ?

– Connaissez-vous le New York Herald ?

– Qui n’en a pas entendu parler ?

– Eh bien, sans le consentement de son père, sans lui en avoir rien dit, M. James Gordon Bennett, fils du propriétaire du Herald, m’a donné la mission de vous chercher, de rapporter, au sujet de vos découvertes, ce qu’il vous plaira de me dire, et de vous aider de tout mon pouvoir, de toutes mes ressources, de vous assister dans toute l’étendue de mes moyens.