Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

daté du 1er novembre 1870, et qui arrivait trois cent soixante-cinq jours après sa remise au porteur. Combien de temps serait-il resté à Tabora, si je n’avais pas été envoyé en Afrique ?

Livingstone ouvrit le sac, regarda les lettres qui s’y trouvaient, en prit deux qui étaient de ses enfants, et son visage s’illumina.

Puis il me demanda les nouvelles.

« D’abord vos lettres, docteur ; vous devez être impatient de les lire.

– Ah ! dit-il ; j’ai attendu des lettres pendant des années ; maintenant j’ai de la patience ; quelques heures de plus ne sont rien. Dites-moi les nouvelles générales ; que se passe-t-il dans le monde ?

– Vous êtes sans doute au courant de certains faits ? Vous savez, par exemple, que le canal de Suez est ouvert, et que le transit y est régulier entre l’Europe et l’Asie ?

– ]’ignorais qu’il fût achevé. C’est une grande nouvelle. Après ? »

Et me voilà transformé en Annuaire du Globe, sans avoir besoin ni d’exagération, ni de remplissage à deux sous la ligne ; le monde a vu tant de choses surprenantes dans ces dernières années ! Le chemin de fer du Pacifique, Grant président des États-Unis, l’Égypte inondée de savants, la révolte des Crétois, Isabelle chassée du trône, Prim assassiné, la liberté des cultes en Espagne, le Danemark démembré, l’armée prussienne à Paris, l’homme de la Destinée à Wilhemshohe, la reine de la mode en fuite, l’enfant impérial à jamais découronné, la dynastie des Napoléon