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que nous aurions à franchir ; les uns de quelques pas seulement, les autres de plusieurs centaines de mètres ; bourbiers parfois recouverts de roseaux et de papyrus, ou offrant à leur surface des centaines de filets d’une eau rougeâtre et visqueuse, remplie d’animalcules.

Là, nous fûmes rejoints par un individu qui, après l’échange des salutations, m’apprit qu’il venait de la part de Simba, chef du Caséra, province méridionale du Mouézi.

Simba, ou le Lion, était fils de Mkésihoua, chef du Gnagnembé, et se trouvait alors en guerre avec les habitants du Zavira, contre lesquels on m’avait mis en garde. Il avait entendu parler de mon opulence, en des termes si pompeux qu’il était désolé de me voir prendre une autre route que la sienne, car il perdait ainsi l’occasion de me témoigner son amitié. Mais, puisqu’il n’avait pas l’avantage de recevoir ma visite, il m’envoyait cette ambassade, dans l’espoir que je voudrais bien lui donner une marque d’affection, sous la forme d’un présent d’étoffe.

Bien que surpris de cette demande, je crus qu’il était sage de me faire un ami de ce chef puissant, avec lequel je pouvais avoir maille à partir lors de mon retour ; et, puisque je devais lui faire un cadeau, il fallait que celui-ci fût royal. renvoyai donc à Simba deux choukkas splendides, plus deux dotis de cotonnade, et, si je dois en croire l’ambassadeur chargé de ce riche présent, je me suis fait du Lion de Caséra un ami pour toujours.

Nous entrâmes bientôt dans le redoutable pays de Zavira ; nous n’y rencontrâmes pas un ennemi. Simba,